26/27 septembre 2016,

Hier, on a voyagé pendant toute la journée pour arriver à Tipari. On n’aura malheureusement plus la présence ni les belles photos de Sabrina, elle avait seulement une semaine de dispo pour nous accompagner.

Tipari est un petit village où Stéph (allemande) et Ramon (argentin) travaillent depuis 10 ans pour l’association Satu Nostru. Dans une petite maison qu’ils améliorent petit à petit, ils offrent des activités culturelles et sociales comme des atelier de guitare, de cirque, de dessin, de réparation de vélo, ou d’autres proposition d’aide, comme traduire des documents en allemand pour les personnes qui essayent de trouver un travail et déménager dans ce pays.

Ils racontent qu’ils doivent changer d’activité tous les 2 mois, car les enfants ne s’engagent pas pour plus de temps que ça. Nous avons joué sur le terrain de foot situé dans le centre du village, et ça a été un vrai plaisir car nous avons eu différents types de publics réunis dans le même espace.

Après le spectacle on est allé dîner chez la famille qui nous héberge (Stéph et Ramon ont deux filles), et pendant le dîner on peut comprendre un peu de la réalité de cette région. Ici habitent des Hongrois, des Slovènes, des Roumains et aussi les moins bienvenus : les Rroms (c’est ainsi qu’ils appellent les tziganes). La convivialité entre eux n’existe pas, et les préjugés par rapport au style de vie des Rroms sont très visibles.

Stéph nous raconte que leurs voisins Roumains, disent ouvertement qu’ils n’amènent pas leurs enfants dans le centre de Satu Nostru, parce qu’ils reçoivent aussi des enfants tziganes. Dans le centre, ils on construit 4 douches (avec l’eau chaude) qu’ils offrent aux familles qui n’ont pas de douche chez eux.

L’agriculture est aussi en décadence dans la région, et la plupart des possibilités d’emploi sont dans une usine de câbles électroniques qui paye 200 euros par mois. Le salaire d’un professeur est aussi de 200 euros par mois. Les familles défavorisées reçoivent depuis peu de temps une aide du gouvernement si les enfants sont inscrits régulièrement à l’école.

Le lendemain matin, on a joué à Mişca, le village voisin, à l’école municipale, pour 120 enfants âgés de 6 à 11 ans. L’atelier s’est passé avec la classe du professeur Alex, des enfants de 6 ans pleins d’énergie pour faire les jeux et acrobaties proposées. Quand on a fini l’atelier, Alex nous a invité pour un thé, et nous a aussi raconté la réalité de ces enfants. Et même si l’amour qu’il a pour sa profession est incontestable, et qu’il a un engagement affectueux avec ses élèves, on peut sentir dans son discours les mêmes préjugés face aux Rroms. Dans sa classe, 80 pour cent des élèves sont tziganes, et il parle de leur comportement comme quelque chose « d’inscrit dans l’ADN », « d’immuable », il parle d’enfants sauvages, très difficile à « civiliser », avec une distance dans les mots qui séparent « eux » de « nous ».

L’après-midi, on a joué à Adea, un autre village voisin. Le spectacle s’est passé dans un parc où il y avait un playground en bois pour les enfants. On était à 12 km de Tipari et Mişcar, mais les enfants ne comprenaient plus nos salutations en roumain. Cette communauté était hongroise et ils ont aussi une organisation à part. Nous avons eu la chance de jouer dans un lieu public, où petit à petit s’approchaient des tziganes pour voir nos bêtises et écouter nos chansons.

Ici il n’y a pas de guerre ni des réfugiés, en se promenant dans les villages on sent que le temps passe très lentement, en face des maisons il y a presque toujours un banc pour s’asseoir et regarder les voitures passer. Les poules et les oies regardent aussi les voitures qui passent de temps en temps.

On pourrait dire que ici la paix règne, mais les êtres humains construisent des frontières invisibles et continuent à faire leur petite guerre avec le voisin, à cause de leurs différences culturelles ou à cause de je ne sais quoi…

C’est pour ça qu’on commence le spectacle en respirant « ensemble », peut-être qu’ainsi, un jour tous les humains pourront s’apercevoir qu’on respire de la même façon et que nous tous, on a besoin d’air pour continuer à vivre avec qualité.

Bisous (grande inspiration et expiration)

 

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