Mission Grèce

IDOMENI – 23 mars 2016

Nous avons déjà joué dans des situations compliquées, que ce soit dans les camps de réfugiés du Darfour, de la Palestine, à Calais ou dans les favelas de Rio… mais ici l’urgence est permanente. Tout se complique chaque jour, les conditions déplorables ne font que s’aggraver, personne ne sait où cela va s’arrêter, si des solutions sont envisagées, que vont devenir tous ces êtres humains.

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Rien d’étonnant lorsqu’une ONG apprend par hasard que tel ministère a ouvert un nouveau camp sans en informer les autorités locales, ou lorsque, comme tôt ce matin, nos réunions prévues sont décalées ou annulées pour cause d’état de crise dans le camp. Aujourd’hui mercredi, des manifestations de réfugiés bloquent les convois humanitaires, à la frontière, sur les routes, dans le camp… mettant encore plus en jeu leur propre survie, en espérant que les médias, très présents à Idomeni, vont permettre que leur voix soit entendue par cette Europe aveugle et paniquée.

Suivant un chemin de traverse, nous rejoignons tout de même le camp, accompagnés de nos invitées (Louise et Karin, de la section suédoise « Clowner utan Gränser », qui finance et coordonne l’ensemble des missions en Grèce, sont venues pour connaître la réalité du terrain) et la pluie qui était restée clémente jusque là, se met à tomber. La pluie est ici synonyme de froid dans les files, de vêtements inutilisables, de bois mouillé, de manque de place dans les abris, et de cette boue qui avale tout.

Notre visite à la tente de « Save the Children » donne de l’espoir à l’animatrice qui désespérait avec autant de petits désoeuvrés, l’excitation atteignant des sommets. Nous proposons notre spectacle, cette fois-ci en version plus légère. Notre préparation, le maquillage, les costumes créent une concentration surprenante chez les enfants, qui suivent notre moindre mouvement. Et nous commençons à jouer dans un calme et une attention inattendus. Des plus grands se joignent ensuite aux petits, et le spectacle se déroule d’une manière aussi chaotique que cette journée a commencé ! Nous n’avons pas la place pour utiliser notre tente, puis celle-ci se casse à moitié, des ados viennent sur scène pour charger leur portable sur la prise derrière nous, et pour couronner le tout notre tour de magie final… a disparu !

Malgré la confusion, notre prestation a pu redonner du soleil à cette matinée sombre.

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La pluie s’est arrêtée ! C’est parti pour la parade ! Traversant toute la zone B, puis la zone informelle de la station de train, nous déambulons dans la boue, avec les enfants, croisant les regards qui s’éclairent, cherchant un contact avec chaque habitant, des échanges de danses, des surprises à chaque tente. Et pour finir, en passant devant des maisons désaffectées occupées, nous lançons une chanson, qui vire petit à petit à la grande fête improvisée, un énorme cercle se forme autour de nous, les youyous fusent, on sent que le plaisir de la vie explose !

Un beau bouquet final pour cette série de trois jours à Idomeni.

Bisous mouillés (et un peu plus boueux que la dernière fois)

Flamboia et Gambito