16 Mai

Retour à Malika pour jouer devant notre public cible, enfants Talibés. Lever tôt, voyage en bus, notre célèbre 31, avec encore notre même apprenti (personne chargée de récolter les piécettes pour le trajet). Cela doit faire la 5ème fois que nous voyageons dans le bus de Bass! Il devient notre ami et nous fait même un prix pour le trajet. Bass, une image que nous garderons. Certains apprentis ont leurs images avec eux placardées dans leur petite cellule, certains c’est Rihanna ou des religieux. Bass ce sont des mots sur un tableau style Véleda : « Lorsque notre haine est trop vive, elle nous met au-dessous de ceux que nous haïssons ».

Arrivée à Malika, après 1H30 de bus, on traverse tant de choses, bercées par la route, réveillées par ses heurts, transportées, baladées, on rêvasse, imagine, chacune dans notre bulle, les yeux semi clos observant ce paysage dense en image. Toute cette activité, ces étals, ces gens, ces enfants, femmes, vieillards…que de couleurs enivrantes… Nous arrivons au centre Unesco , soutenu comme nous l’avons déjà dit par l’association italienne Renken.

Les enfants Talibés nous suivent enjoués dans la rue, abandonnent leur mendicité, ils nous attendent. D’autres enfants, plus jeunes, dont les élèves de l’école de Patricia se joignent à eux et forment un joli public attentif.

Nous démarrons avec une belle énergie matinale. Au bout de 20 min, les enfants Talibés se lèvent et quittent le spectacle ! Stupeur des 3 clownettes !!! on nous explique qu’il est l’heure pour eux d’aller mendier et de retourner suivre leur cours au Daara. On se fait une réunion clownesque, toujours en jeu, on est très déçues et pestons avec sourire sur l’organisation. Nous nous sommes déplacées pour jouer pour ces enfants que nous avons enfin devant nous directement…et par faute de communication, d’organisation, ils sont contraints de partir sans voir le spectacle en entier. Rien à voir avec une reconnaissance ou un égo mal placé, on aurait été avertie de cela on aurait pu s’organiser autrement. Les enfants se lèvent à contre cœur, dépités, contraints…Bref nous poursuivons le spectacle pour les autres, une 100aine d’enfants débarquent en rang, ils sont en retard, le départ des enfants talibés est noyé dans le flot. Nous sommes en belle forme, poursuivons malgré tout et nous nous amusons.

On sort de nos clowns et revenons sur cet évènement avec l’organisation…complètement dépassée. Quel dommage, mais nous tenons à le souligner sincèrement.

Bref, nous repartons après avoir fait un saut à l’école de Patricia, profitons de la voiture d’Alessandro, mari de Patricia qui amenait de futurs parents adoptifs (Alessandro travaille pour une association d’adoption). Nous rentrons, dans le pick up, à l’arrière, en plein soleil. Le soleil tape et approfondit notre bronzage…héhé…

L’après-midi, nous sommes à l’association Gindi, enregistrement à écouter de la directrice. Un bel endroit avec une forte affluence et une belle activité, ils nous attendent et c’est nous cette fois qui sommes un peu en retard, beaucoup de trafic sur la route du retour de Malika…

Nous nous changeons, démarrons le spectacle à 16H30 au lieu de 16H…et nous sommes au Sénégal, prière à 17H, le Muezim retentit, très fort, la mosquée est mitoyenne. On nous fait signe d’arrêter car les enfants doivent prier. Et là notre Patricia panique un peu et décide d’accélérer le spectacle pour le conclure. Bref on vous passe les détails c’est court bref et sans intérêt, on finit très mal dans la précipitation la plus totale ! Notre tour de magie ne fonctionne pas, on est pressé par le temps dû à notre propre mauvaise organisation cette fois ci ! Et accessoirement par Allah… Voilà notre méprise, on n’a pu se concerter, ni faire de réunion clownesque pour décider. C’est un flop pour nous mais pas pour les enfants qui restent contents… Tout sourire éclatant.

Il y a d’autres animations, ils dansent, rient, nous faisons quelques portés avec eux. Un enfant de 7 ans me suit, me parle en wolof, je comprends rien, il me répète la même phrase, je lui dis « un peu »  en wolof… il parait déçu, je le prends par la main, vais voir Patricia et lui demande de traduire. Amadou timidement répète « Je voulais juste que l’on soit des amis… » et moi qui lui répétais sans comprendre  « un peu » !! Emue, je l’embrasse lui serre fort la main et lui dit Wa ! Wa ! Oui donc !! Petit moment sensible et pur.

Nous repartons un peu dépitées de notre performance et on leur propose de revenir, le temps se raccourci mais on aménage au mieux nos journées qui vont être de plus en plus chargées à force ! Nous reviendrons donc finir le spectacle et faire quelques ateliers. Je reverrai donc mon nouvel ami.

Nous rions jouons avec les enfants, les gens, pleine d’humour, encore chargées de bêtise clownesque, la journée est belle…tout est à vivre.

Ce soir nous sortons avec Thierno, notre poète errant du centre culturel où nous vivons, notre Tonton colocataire, et Mélanie, notre super chouette qui nous accompagne nous encourage. Nous allons rencontrer une image mythique à Dakar, un artiste farfellu : Joe Ouakam…Mystique non ?

On vous embrasse !