14 février

Le soleil fait ses victimes: aujourd’hui, frappé par un coup de soleil, Alessandro est resté au lit. C’est la fin de l’hiver ici et la température est de 30°, les Bengalis tombent malades pour le changement de saison et nous pour la chaleur! Du coup équipe reduite aujourd’hui et arrivés au camp pour le big show de la semaine on trouve une foule qui nous attende. Je dirais plus de 600 personnes en arc de cercle devant nous, sur les petites collines, sous les abris construits pour protéger le public du soleil. Même le chef du camp était venu nous voir! Un peu de stress pour la situation, le spectacle qui a du être modifié et adapté, jouer à deux au lieu que trois, couper des morceaux, en rajouter d’autres, changer les relations entre nous et tout ça devant une foule de gens! Au début je me suis demandé si ça aurait marché, si on était préparé pour gérer le spectacle à deux, si c’était mieux d’annuler, mais ce doute n’a pas eu longue vie: j’aime trop jouer, je m’amuse et je ne perdrais un spectacle pour aucune raison; et puis je peux faire confiance à mes compagnons, je sais que de toute façon ça marchera, et ça a marché. Nous avons eu aussi, a mon avis, un de plus beaux retours jusqu’à maintenant. Après le spectacle un membre bengali de l’équipe de Terre des homme nous a confié qu’ils étaient un peu inquiets pour ce spectacle: le camp où nous avons joué est assez radical par rapport à la religion et certaines choses peuvent être facilement mal prises. C’est le cas surtout de la musique (en particulier des instrument de musique: on en voit pas dans le camp, je n’ai jamais entendu un instrument joué ou de quelqu’un qui joue un instrument, par contre ils chantent tous et très bien) ou de l’acrobatie ou encore du slapstick… trois choses très présents dans notre spectacle. Ils craignaient que notre spectacle crée des tensions, qu’il soit mal reçu. Au contraire, les enfants ont beaucoup participé, ils ont rigolé, ils ont chanté et même dansé et les adultes, assis un peu plus loin n’ont pas mis beaucoup de temps à ouvrir leurs visages en de beaux sourires! L’équipe locale aussi était heureuse de comment le spectacle c’était passé et des réactions des enfants et des adultes. Grâce aux nez rouges, à nos apparences physiques très differentes (qui nous rendent déjà des personnages bizarres) et à nos clowns décalés, nous avons pu briser pas mal de tabous sans que les gens se sentent blessées, au contraire, en les faisant rigoler!

Après le spectacle il y a eu un beau moment de partage: plein d’enfants son venus sur scène, l’un après l’autre, pour chanter des chansons et ils ont confirmé ma sensation: tout le monde dans ce camp chante magnifiquement, même les petits de trois ans chantent avec des voix incroyables et disent des poèmes! J’aimerais comprendre ce qu’ils racontent mais déjà comme ça je pourrait rester des heures à les écouter.

Et puis nous sommes reparti, dans le trafique infernale des petites villes qui envahissent la route vers Cox’s Bazar; moi, je me fais tout petit dans la voiture quand on passe entre un camion chargé jusqu’à l’impossible de bambous et un tomtom qui transporte des dizaines de personnes ou quand les bus klaxonnent et nous dépassent à toute vitesse, j’ai l’impression d’être un cocktail dans le shaker quand on roule sur ces routes petites et pleines de trous, mais je trouve ça amusant et je pense à quand je me plaignait du trafic à Flagey ou à Rome… Finalement on arrive sur la marine drive, la belle route qui longe la cote, vu sur l’océan (indien et pas pacifique comme je croyais…). Pause rituelle, depuis quelques jours, pour acheter une noix de coco fraîchement récolté du cocotier et boire son jus frais et savoureux et puis à la petite baraque qui fait des merveilleuses singaras (eh oui, on est devenu un peu accros). 

Voilà notre 12ème journée au Bangladesh, et je me rend compte que le temps est passé très très vite: il nous reste plus qu’une semaine et puis nous serons a nouveau dans un avion et puis chez nous. Raison de plus pour profiter a fond de ce peu de jours qu’il nous reste et donner tout à ce pays beau et dur et à ces gens qui ont vécu des choses inimaginables mais qui gardent l’esprit prêt à jouer et à rigoler.