Hygiène :

Neutralement la situation dans le camp est assez bonne: le gouvernement du Bangladesh et les ONG ont fait un bon travail. Le camp est assez propre, même plus propre que Cox’s bazar où la poubelle envahit les rues. Les vaches, les chèvres et plein d’autres animaux qui se baladent dans la rue se nourrissent des déchets. Il n’y a pas eu d’epidemies importantes: tous ceux qui sont dans le camp ont été vacciné, il y a eu des cas de maladies qui auraient pu êtres graves mais l’intervention efficace de tous ceux qui travaillent pour la santé dans le camp en a empêché la propagation. En ce moment il y a pas mal de cas de varicelle mais la situation est sous contrôle. 

Il n’ a pas de problèmes de malnutrition, même si les gens sont très pauvres, ils ont assez a manger.

Il y des points qui fournissent les gens, mais on a pas trop bien compris comment ça marche. Apparemment ce sont surtout les femmes qui vont chercher la nourriture, elles font la cuisine et s’occupent de la maison. Les hommes qui devraient aller travailler, sont souvent assis aux tea shops vu que formellement c’est interdit aux rohingya de travailler.

On a vu beaucoup de promoteurs de MsF et d’autres ONG faire souvent des campagnes sur l’importance de se laver les mains: comme tout le monde mange avec les mains ça devient fondamentale.

Au niveau de la santé, le problème plus important, ce sont les maladies de l’appareil respiratoire: les familles vivent dans des petites maisons et ils cuisinent souvent au feu de bois, en plus maintenant c’est la saison sèche et il y a beaucoup de poussière. 

L’atmosphère semble assez calme, au moins quand nous sommes là; les gens ont l’air un peu distant mais ils ont envie de rigoler et jouer, surtout avec nous. Il n’y a pas beaucoup de militaires et de police dans le camp, mais il y a des postes à chaque entrée pour vérifier que les rohyinghas ne quittent pas le camp. Dans les rue du camp on voit surtout des hommes et de enfants, les femmes sont, presque toutes, complètement voilées et on ne voit que leurs yeux sous les tissus.

Toutes les ONG et les gens qui ne vivent pas dans le camp doivent le quitter avant 17h30, ensuite, il y a aussi un couvre-feu pour les rohingyas : après 21h ils ne peuvent plus sortir de leurs maisons, jusqu’au jour suivant.

L’atmosphère est plus tendue en dehors du camp : les habitants des villages autour du camp organisent depuis quelques temps des manifestations en bloquant les rues qui donnent accès au camp. Ils demandent que plus de locaux soient employés par les ONG, surtout ils n’aiment pas que les ONG embauchent des gens d’autres départements (surtout de Dakka, la capitale). Les ONG ne fonctionnent pas toutes de la même façon et sûrement il y en a qui embauchent des amis d’amis… mais souvent c’est impossible d’embaucher des gens du département de cox’s bazar parce que le niveau d’études est très bas ici et les locaux n’ont pas les compétences nécessaires. Cela nous a des fois obligé à rentrer plus tôt que prévu et à annuler quelques activité au camp. Il y a eu des cas de violence contre des travailleurs bengalis de certaines ONG qui n’étaient pas originaires de Cox’s bazar, mais jamais contre des expats et nous ne nous sentons pas spécialement en danger. 

Quand nous croisons les rohingyas dans les camp ils ont souvent l’air distants, un peu suspicieux mais, une fois que nous brisons la glace, nous rencontrons des gens très sympas et ouverts. Il nous semble que presque tout le monde a envie de jouer et rigoler.

Le problème en ce moment semble être la radicalisation religieuse. Pas mal de groupes fondamentalistes agissent dans le camp qui est un milieu assez vulnérable. Les gens n’ont pas de futur, souvent n’ont rien à faire toute la journée et, après ce qu’ils ont vécu, l’identité religieuse et culturelle reste la seule chose à laquelle ils peuvent s’accrocher. Depuis quelques semaines, pour exemple, les femmes rohingyas subissent des fortes pressions qui les empêchent de continuer leur travail avec les ONG (même si c’est formellement interdit aux rohingya de travailler, les ONG en embauchent sous volontariat).

Autre grand problème est que, malheureusement, la condition des rohingyas n’est pas prête à changer : il y a des fortes chances que dans 10 ans ils soient encore dans le camp, en tant que réfugies. Il faudrait donc penser à des projets sur le long terme et en même temps travailler politiquement pour qu’ils puissent bénéficier de droits : comme avoir une nationalité, travailler, se déplacer, étudier,…