"Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas a prouver qu il se suffit a lui meme. On croit au on va faire un voyage, mais bientot c est le voyage qui vous fait ou vous defait. »

On prepare conscientieusement la mission, on lit, on s informe, on imagine, on pense a ce que ca sera, ce qu on va venir apporter puis tout ca se renverse, vous en prenez plein la figure et le coeur, ca vous prend on se sait ou, vous fait trembler, pleurer, eclater en sanglots ce sont les gens memes qui vous portent, vous delivrent, vous dilatent le coeur. Ce sont eux qui.du fond de leur misere glissent quelque chose en vous, ne cessent de vous ouvrir. Ce sont ces mains qui vous tiennent a vous faire mal, a vous serrer trop fort parce qu elles ne veulent pas vous laisser partir, ces petites doigts sales qui se glissent dans vos paumes demandant deja quand vous reviendrez les voir, ces yeux verts. bleus. bruns sous ces peaux abimees par la misere, tous ces visages de gosses marques par la guerre des grands, leurs soucis, leur folie meurtriere, comme si  »une armee de bottes avait passe dessus ».

Le soleil, les chevres, les paturages, les oliviers, la grandeur des montagnes sous le couchant qui semblent vouloir nous laver de tout ca, nous rincer le corps pour en liberer encore de la place, nous rendre disponible au don, au partage, recommencer tous les jours a en etre saoul a, y laisser de plus en plus de soi tout en prenant de plus en plus de l Autre. Entendre encore leurs rires et en sculpter les silences. Se reposer,se recharger et repartir toujours vers eux. Un dernier elan avant le retour, on aimerait parfois que ca dure encore, pouvoir elargir le temps, se faire plus grand, s elargir soi meme pour donner tout ce qu on peut.

Et bientot. on s eclipsera comme on est venu, esperant juste leur avoir laisse un peu d inspiration…

Virginie