Des routes de poussières parsemées par les buffles, des vieilles charrettes que tirent des vaches, le soleil, la chaleur, des petites maisons de terres branlantes, et toute cette eau qui a érodé les routes, et détruit les ponts, … ces routes de poussière et de boue qui nous mènent jusqu’à eux, ces enfants des villages perdus, parfois timides jusqu’à se révéler audacieux, joueurs et malicieux.

Nous enchaînons les spectacles, chaque fois surpris par les endroits au bout du monde où PLAN nous emmène. Sagar, notre ami, coordinateur qui se marre, nous éclaire sur le travail de PLAN, et qui a tout bien planifié. Avec lui, nous parcourons les provinces de Bardeya et Banke.

Un autre employé nous raconte que sa maison fut plus de trois fois prises par les inondations, presque jusqu’au toit, et il se marre lui aussi, de plus bel, il nous dit qu’il ne peut rien faire d’autre, c’est arrivé ! Autant en rire, ou YAK a rire… !Il me confie, le recroisant trois jours plus tard, que son fils venu assister au spectacle s’est mis à la magie, je lui offre alors une de mes petites boules rouges, peut être un magicien verra le jour dans la poussière…

D’autres histoires encore comme celle de ces enfants sauvés par un voisin qui les a maintenus 24 heures dans un arbre, alors que leur mère fut emportée, son corps disparu par toute cette eau, les cris et les ravages de la nature, s’il y a bien des gens qui vivent dans la nature, de la nature, ce sont tous ces paysans et femmes rencontrés au fil de notre route dans le Teraï.

Et notre plus fou spectacle, au cœur d’un village hilare, une vache juste derrière nous, la furie, tous ces rires qui nous parviennent, pour nous rendre plus humbles, face à ces cadeaux, tous ceux que ces personnes nous font en nous accueillant, avec des grands sourires…. et ils nous raccompagnent jusqu’à la voiture, nous faisant de grands signes, pour nous laisser nous envoler vers d’autres enfants sur les routes de poussière…

Trois kilomètres dans la boue, à s’enfoncer dans les mouvances du sol tant il a plu, aidés par nos amis de PLAN qui se marrent toujours, le typhon venu d’Inde a fait rage au Népal, emportant aussi la vie de nombreux trekkeurs et villageois de l’Annapurna… notre bassine et valise emportée sur un vélo, pour arriver dans un village de nulle part, au bout du monde.

L’Inde est proche, on peut la sentir, la humer, la palper sur ces visages plus fins, plus foncé, plus timides, dans un de ces petits villages, plaque tournante de la drogue… Il y a la beauté de cette nature qui nous vient, et aussi l’ennui, la désespérance de ces hommes d’outre mondes…. nous nous changeons dans une petite étable dans un tas de purin, des vaches autour de nous qui nous regardent avec leurs regards de vaches bienveillantes… la boue, le foin, le purin qui pue et nous jouons, tout le village autour de nous, les rires des enfants qui se répercutent peut être jusqu’à l’Inde… Tout semble surréel, c’est bien ça le clown, nourrir l’irréel et l’imaginaire.

La perte de soi en eux, et d’eux en nous, et ces échanges qui nous grandissent, nous, êtres humains chancelant, ombres et êtres de passages, à rendre la vie lumineuse, plus vraie, plus belle encore.