Bonjour.
Voici la suite de nos peripéties népalaises.  Merci pour vos réponses! La connection étant très mauvaise je n’ai as répondu à tous séparement mais le coeur y est.

Au retour du sud, nous sommes partis dans le nuwakot, à la rencontre des peuples des montagnes. Les glissements de terrain ayant coupé les routes et les ponts étant tombés, nous avons dû marcher des heures pour atteindre chaque village.

Il me semble que tout autour du monde, on trouve de ces agriculteurs honnêtes et travailleurs, qui connaissent le calme et le cycle des saisons. La sérénité apparente est trahie par le visage des femmes. Comment ces petites filles rieuses peuvent-elles devenir ces femmes marquées, aux gestes convulsifs et au regard qui hurle. Un regard désespéré qu’éclaire un grand sourire.

Les maisons se sont écroulées comme des châteaux de carte et la mort est partout. En traversant ces villages fantomatiques, on peine à croire qu’il y a seulement deux mois se dressaient des maisons en bon état. Un couple nous a accueillis dans un abri de fortune accolé au mont de briques que fut leur maison. Sous une couverture, une vache en gestation couverte de mouches agonisait des suites des blessures que l’étable lui a causées en l’ensevelissant. Dans un recoin, un mont de bouteilles de whisky vides parle de lui-même.

Je me fais l’effet d’une touriste du désespoir. Dès qu’on joue l’impression s’envole. L’accueil est impressionnant et les regards sont chaleureux. Ils semblent heureux qu’une troupe de saltimbanques passe dans leur village malgré la situation. On se frôle d’un sourire, on se devine sans mot, on partage l’essentiel.

La montagne est magique. Le soir, au-dessus des rizières, les lucioles emplissent l’air sous une myriade d’étoiles. On écoute les récits du tigre mangeur d’hommes, avant de dormir quelques heures tant bien que mal, dans des bâtiments fissurés, dont on nous a précisé par quelle fenêtre sauter à la moindre secousse.

On ne dort quasiment pas. On marche, on joue, on rencontre. Un couple d’hôtelier sans hôtel nous a accueillis tendrement dans leur baraque improvisée, au cœur du bidonville qu’est devenu le village. Entre les cancrelats et les poules, on entend le rire des enfants. Nuit difficile. Le sol tremble et la lèvre inférieure de Virginie se met à enfler démesurément, des suites supposées d’une piqure. Frayeur, La lèvre prend une dimension inquiétante, nous sommes loin de tout et tant que la pluie tombe il est impossible de rebrousser chemin. Je découvre une bestiole de 10 cm sous ma chemise. On entend des morceaux de montagne tomber.

Au petit matin, on parade pour ameuter les gens du village. Tous viennent, intrigués. On tend des bâches, tout le monde aide à l’installation du lieu. Pendant la représentation les vieux se prennent au jeu et veulent empêcher  les disputes sur scènes tandis qu’une femme se précipite pour nous aider dans nos démêlés clownesques. Les enfants chantent, les femmes veulent rester avec nous. On se quitte joyeusement.

De retour à Katmandou on retrouve le plaisir d’une douche et d’un lit sain. Après deux jours ce confort semble illusoire et il me tarde de repartir. Encore quelques représentations dans la capitale et on prendra la route du nord.

Bises