Lundi 18 février 2019

Voilà que je donne deux jours de workshops avec les adolescentes dans le “ Child friendly space”. Cela me fait plaisir de rencontrer des filles et des femmes après tout ce temps sans vraiment les rencontrer. Lorsque je suis arrivée aujourd’hui , Nayeem, l’animatrice du centre appelé “ Rose”, m’a demandé pourquoi je ne leur avait pas demander comment elles allaient avant de leur demander de se mettre en cercle et de mettre les chaises de coté.  Je me suis rattrapée donc et souvent, pendant les jeux, elles rigolent tellement que il est impossible de terminer le tour de Zip ou de Zap. J’ai décidé de faire de la jonglerie parce que l’acrobatie avec les robes, es jupes et les foulards ça ne serait pas très pratique et certainement pas dés le premier atelier!

A la fin du premier atelier, une pouvait déjà jongler avec 3 foulard et plusieurs arrivaient à tourner l’assiette. Cela fait deux jours où je suis toute seule avec le staff local. Avant hier, nous avons réussi à faire 4h 30 d’ateliers mais hier seulement 3h.

Il y a deux jours consacrés pour les filles dans les “Child friendly space” ;  Il y a des machines à coudre dans le fond de la pièce et les plus grandes s’y assoient de temps en temps pour montrer que peut etre il y a mieux à faire que de jouer. J’ai l’impression qu’elles pourraient reproduire les foulards en deux secondes.  Hier, un groupe me demande de danser, je n’ose pas parce que entre comment je danse et les interdits pour elles, je ne vois pas encore comment leur amener la danse! L’animatrice qui est avec moi amène alors 3 mouvements assez simples.

Certaines se découvrent ( je parle des tissus qui couvrent leur visage)) pendant l’atelier, d’autres pas. C’est assez  intimidant d’avoir deux yeux qui vous regardent sans connaitre l’expression du visage autour.

Que penser de cette société patriarcale qui ne laisse pas la femme etre indépendante?  Je prends le temps le midi pour parler un peu avec l’animatrice sur son travail avec les femmes. Elle me dit que petit à petit , elles prennent plus conscience de leurs droits mais que ce n’est pas toujours évident lorsque que l’on nous les répriment depuis toujours. Je me mets en colère lorsqu’on ne me laisse pas porter mon sac et que les hommes vous font toujours sentir mal à l’aise. Je refuse de faire une photo avec l’équipe ( parce que il n’y aura aucune femme dessus mise à part moi) et que je vous avoue que je commence en avoir un peu marre de changer d’équipe tout le temps et de faire des selfies en ne sachant pas où la photo atterrira! Et je sens un peu d’injustice d’être seule toute la journée parce que je suis femme et que mes compatriotes sont des hommes.

Je n’ai aucune idée si l’activité cirque leur plait ou si c’est parce qu’elles rencontrent une femme étrangère.  En tout cas , les ateliers contenaient entre 15 et 30 filles à chaque fois et à la fin elles ont dit qu’elles se sentaient bien.

C’est certain que travailler avec les femmes à du sens et que je ne crois pas du tout à l’évolution d’une société qui ne met pas en avant les droits et l’émancipation des femmes. Pas toujours évident de s’en rendre compte ; pourquoi c’est toujours le travail des hommes qui est valorisé et non celui des femmes?

Après les spectacles , c’était plus rare que l’on vienne s’adresser à moi, femme, après les spectacles.

Lors des ateliers, elles ont demandés plus de jeux et nous avons réussi à avoir de beaux moments théâtraux. Je penses qu’il faudrait plusieurs sessions de rencontre et de brise glace mais les femmes sont-elles timides ou la société les rendent-elles timides à force de devoir réprimer leurs expressions?

Soit ; c’est une accumulation de choses de ce genre qui me révolte et qui me donnent envie de travailler avec les femmes ici…

Aujourd’hui , je vêtis la tunique locale : une longue tunique ouverte sur le coté à porté avec un pantalon. Il ne me manque plus que le foulard assorti à la tunique comme la plupart des femmes ici le mettent pour cacher leurs poitrines.

Cependant une méchante diarrhée me dissuade de partir donner les ateliers aujourd’hui… Ne sachant pas à combien de minutes se situeront les toilettes de l’espace d’atelier!