Semaine 3

Bonjour à tous,

Voici de petites nouvelles de notre troisième semaine au Népal.

Nous dormons ce soir dans le Sindupalchok, au retour du Dokala. Comme ça ne vous évoque peut être rien, je vous décrits un peu le paysage: ce sont des régions de hautes montagnes abruptes comme peut l’être la cordillère des Andes, mais striées de nombreuses rizières, avec par endroit une terre rouge africaine. Nous sommes en pleine mousson et le pays regorge d’eau et de cascades. La route traverse à gué des rivières débordantes. C’est un paysage rural de buffles, de poules et de chiens dormant sur la route, d’enfants qui jouent et de vachers qui contemplent le paysage. Les forêts abondent de temples, de sangsues et de papillons gigantesques. Dans les villages, une partie des maisons sont détruites et d’immenses aigles planent dans le ciel.

Ces deux régions ont été les plus affectées par les deux séismes en raison des matériaux de construction utilisés. Les maisons étaient construites en terre et en pierre de la montagne, ce qui n’a pas du tout résisté aux ondes de choc. Les riches bâtiments de béton de Katmandou sont quand à eux, quasiment tous restés debout, bien que la capitale soi le lieu où le premier séisme fut le plus fort.

Les villageois ont eu de la chance dans leur malheur: le premier séisme a secoué le pays un samedi, le jour de repos. Tout le monde était aux champs, les enfants jouaient dehors et très peu de personnes sont mortes. Le second séisme a eu lieu en semaine mais à l’heure de midi. A nouveau, rares étaient ceux qui se trouvaient à l’intérieur des maisons ou des écoles qui se sont écroulées.

On nous avait déconseillé de venir ici pour les risques de nouveaux séismes et de glissements de terrain. Ironie du sort, hier un séisme a secoué la capitale et du haut de notre montagne, nous n’avons rien senti.

Dans le nwakot, les villages où nous sommes allés étaient coupés de tout et nous avons vu une profonde misère. Ici, malgré ce qu’on nous avait dit, tout semble aller pour le mieux. Une partie des maisons est détruite, certes, mais l’aide international est présent et la vie semble continuer. Même les regards sont différents. Les gens semblent joyeux et relativement sereins. Nous restons si peu de temps dans chaque endroit qu’il est difficile de vraiment se rendre compte de ce qu’est le quotidien de ces gens. Nous faisons quand même de belles rencontres, particulièrement avec les femmes qui semblent extrêmement heureuses de nous rencontrer. Les jeunes nous partage les histoires de leur quotidien, elles parlent de leurs obligations et des mariages arrangés, tandis que les vieilles femmes ont juste envie de jouer.

Cette semaine, nous voyageons avec une grosse ONG. D’un côté j’apprécie leur organisation et leurs équipes adorables. D’un autre côté l’excès de moyens qu’ils déploient donne le vertige. Ce soir nous dormons dans un luxueux hôtel 3 étoiles qui ressemble aux villas de luxe de la côte d’azur. Je suis gênée de ce confort si loin de la réalité de ceux que l’on côtoie au quotidien.

Demain les maoïstes protestent contre les dernières réformes de la constitution. Notre ONG craint des affrontements violents et nous ne sommes pas certains de pouvoir aller travailler. Depuis que nous sommes ici, nous croisons beaucoup de manifestations mais celle-ci semble d’une autre ampleur.

Aujourd’hui un soufi m’a dit cette phrase du poète Rumi : Avant, j’étais intelligent, je voulais changer le monde. Aujourd’hui, je suis sage, je cherche à me changer moi-même.

Je vous laisse sur cette jolie pensée.

Tendrement,

Hélène