20 nov-7 dec, 2004, Inde Gujarat

Après plus de trente heures de voyage, dans l’état de Gujarat en minibus et plusieurs spectacles dans les villages perdus dans la région désertique de Kutch, nous nous trouvons dans la grande ville d’Ahmadabad, pour laisser reposer nos derrières biens marteler.

Tout est chaud ici, surtout le soleil et la bouffe, mais aussi les gens qui viennent nous entourer pour parler. «What’s your name ?» et «How are you ?» mais jamais pour l’argent. Il y a peu de touristes et très peu de femmes blondes et de magiciens… (Julian qui fait des tours de magie a tout occasions fait rire les gens, même à la douane).

Ahmadabad est une énorme ville agitée par le bruit de klaxons, la poussière… La pollution. Les poumons cherchent l’oxygène. Le trafic est tellement chaotique que nous fermons les yeux dans les motos rickshaws, car ça semble impossible que tant de véhicules puissent rouler sans se cogner. À même temps, la ville est partagée par les chameaux, les singes, les perroquets, les chiens, les vaches (bien sur), les chevaux, les ânes et deux ou trois chats. Ici dans la ville où travaillait Gandhi (nous allons jouer dans son ashram pour les orphelins) reste d’horribles traumatismes. Le tremblement de terre a tué 30 000 personnes, la violence entre les Musulmans et les Hindous en a tué encore plus, puis des sécheresses et des inondations.
Comment les gens font-ils pour garder leur optimisme?

Notre équipe de 6 acteurs est constituée de : deux indiens, Vaishalli danseuse de Katak et Ramesh tablas, l’Anglaise Janie trapèze et tissue, Mehdi chanteur et musicien d’Algérie, Julien clown/magicien (co-fondateur de CSF France), Kevin USA et la Britannique Rachel pour faire le clown et la musique (de CMSF Belgique). Il y a une organisatrice dynamique qui s’appelle Edith et un photographe Robin. La construction du portique pour les numéros ariens était un miracle. Pour la construction, il a fallu 5 jours de frustration et d’échecs. Grèves, nouvelle an Hindou (Diwali), manque d’espace pour travailler et peu de matériel a rendu le projet difficile. Maintenant nous avons notre mini Cirque Lotusmasalachilipepper avec un grand tapis, coulisses et un énorme tripode qui porte la corde lisse (plus un camion et un minibus pour le transport).
À chaque spectacle, il y a dans le public entre 500 et 1000 personnes. Les gens sont enthousiastes et nous avons testé des nouveaux numéros… une fusion de chant Musulman de Mehdi, de la danse Katak, de tablas, saxophone et de clown. C’est un spectacle harmonieux qui montre la puissance des femmes, la maladresse des clowns et les traditions classiques indiennes. Notre cirque a son éléphant : Moto Hati (grand éléphant). Malgré sa simplicité (une simple trompe, taille réelle, derrière le rideau fait l’illusion), il rencontre un franc succès. Les confusions dans nos tentatives pour parler leur langue font beaucoup rire les autochtones.
Les villages où nous avons joué étaient fortement touchés par le tremblement de terre de 2001. Nous avons aussi joué pour les villages de Dalits (les intouchables) et les villages mixtent avec une population Musulman et Hindou. Nous faisons des parades pour avertir les gens qu’un spectacle va avoir lieu. Ce sont des moments très forts quand nous visitons les maisons, pour donner des nez de clowns aux petits ou des ballons aux vieux. Beaucoup n’ont jamais vu un nez rouge. Le dernier spectacle nous avons eu un salut d’avions militaires Indiens. Les avions ont fait tomber les clowns et rire les enfants.

Aujourd’hui nous allons faire un spectacle improviser dans le bidonville qui longe le fleuve. C’est un essai pour visiter des populations qui n’ont aucune source d’aide. Edith a trouvé quelqu’un qui travaille avec eux (Jasmina) donc nous y allons en Cirque « light » avec le spectacle dans les poches.

D’Ahmadabad, excursions dans les bidonvilles pour faire les minis spectacles et pour voir si dans l’avenir si nous pouvons envisager des activités là. Nous avons été très bien reçu. Les enfants étaient particulièrement excités par notre venue. L’idée de faire un défilé avec les enfants semble une bonne façon de canaliser leur énergie débordante. Ils veulent tous nous serrer la main et demandent nos noms milles fois.

Notre dernière spectacle a eu lieu à l’Ashram de Gandhi. Il y avait encore un peu plus de 500 enfants. La plus part était des Dalits (intouchables) mais en uniforme du style écolier anglais. Ils étaient tous bien ranger en ligne comme des pièces de dames. Notre spectacle (Cirque Lotus) devient très amusant à jouer. Le montage du grand portique très efficace (avec l’aide des conducteurs et les gens du coin). Les changements d’ordre dans les numéros donnent un show très varié, flexible, peut être un peu trop long, mais très amusant à faire. La musique arabe, chantée par Mehdi pour le numéro de Janie (voile aérien), semble très juste quand on est au courrant des graves violences entre les communautés Hindou et Musulman. Après il y a le numéro de danse Katak, traditionnellement Hindou et puis le numéro de clown du Moto Hatti (grand éléphant).

Nous partons aujourd’hui donc nous avons laissé le bois du portique, les sangles et la quincaillerie à nos conducteurs et le grand tapis à l’ashram. Les deux conducteurs deviennent de bons amis et des partenaires de valeur dans cette aventure. Si nous sommes vivants c’est grâce a eux et leurs manoeuvres prodigieuses. Un de nos chauffeurs nous a accompagné à l’aéroport et il a eu les larmes aux yeux. À la fin du spectacle, nous avons chacun reçu des rouleaux de coton pour mettre autour du cou, symbole de la paix et de l’esprit de Gandhi. Après 17 jours, nous reprenons l’avion et allons plonger dans une bière bien fraîche, boire un café et manger une glace, sans crainte.
Audio et Namaste…(au revoir et paix)

(voyage financé et coordonné par Clowns sans Frontières – France)