BRICOPHONIK au Fedasil de Woluwe Saint Pierre et au Fedasil Petit Chateau

L’émotion que je ressens à chaque fois que je rentre dans un centre d’accueil ne s’estompe jamais.

Je la retrouve toujours pareille à m’attendre derrière les lourds grilles fermées, comme si j’étais une enfant qui rentre dans un jardin secret, un lieu caché, mystérieux.

Seulement que ici ce n’est pas un jardin, il n’y a pas d’arbres ni des tendres pelouses.

Ici les termes de l’histoires sont grilles, barrages, le gris du béton.

Il n’y a pas des fleurs, non plus, et à la place du chant des oiseaux il y a des voix.

Des voix des femmes, d’hommes et d’enfants qui parlent en langues que je ne comprends pas.

A Woluwe l’espace est réduit –très réduit. Non, en fait on pourra jouer dehors, dans la grande cour, mais il y a un problème : les voisins depuis des années se battent contre l’existence du centre et il ne faut pas alimenter des polémiques avec des bruits « pas conventionnels ».

Notre public est très…spécifique !

Il s’agit d’adolescents qui viennent d’atterrir en Belgique d’Afghanistan, Benin, Guinée…

Ils ne resteront dans ce centre plus que 4 semaines, le temps que l’on décide où les envoyer. Pour certains c’est la première maison depuis des mois.

Il y en a qui sont tellement excité par notre arrivée que c’est difficile de les faire sortir pour nous préparer, d’autres qu’il faut aller chercher car ils se tiennent à distance.

Mais l’alchimie se fait et on partage une heure de rire et folie, à la fin de laquelle nous avons l’honneur d’assister, entre d’autres, à la danse d’un jeune africain et à un touchant poème en arabe.

Ensuite, la rencontre continue pendant le repas que nous sommes invités à partager avec eux : on discute, on regarde des photos de leurs pays, surtout…on rit.

Et le jour d’après c’est direct au Petit Château.

Ici la situation est plus grande, moins intime, mais dès qu’on commence à monter, un petit group d’enfants est là pour nous aider…et pour nous attendre tous assis sur les bancs avant qu’on commence !

La fille qui s’occupe de nous est génialissime, elle nous met à disposition tout ce qu’on a besoin tandis qu’elle gère de ressortissants de différentes origines en parlant russe, français, flamand…

Ca sera elle que, la plus touchante, me remerciera après le spectacle en me faisant remarquer les rires des femmes pendant le spectacle.

Cette fois pas de rencontre après le spectacle, la foule se disperse vite – exception faite pour les gamins, bien sure, qui veulent tout toucher : nous, les instruments…

Je garde le sourire d’une gamine qui s’approche pour me dire qu’elle a aimé, un autre micro-petit bout de chou qui continue à jouer avec les percussions.

Je garde l’émotion, la mienne, l’envie de remercier ce public tant exceptionnel. Et je souris.

 

Serana, Lionel & Pietro