La fin du voyage approche à grand pas. Déjà le dernier jour!
Notre expédition à Makeni s’avère pleine de rebondissements. Dès notre arrivée nous voilà embarqués au poste d’immigration où quelques hommes dans un bureau veulent nous faire payer 1 000 000 Leones car sur notre visa il est inscrit touristes et qu’en fait nous faisons du volontariat. Toute une discussion s’ensuit avec la tension qui monte car nous ne voulons pas payer et nous sentons bien que l’issue sera de leur donner de l’argent sous la table. Et c’est ce que fait au final Arun (qui travaille pour Saint-Georges). La scène à laquelle on assiste pourrait même être comique: ils sortent de la pièce toujours en discutant fort, ils restent dans le couloir juste à côté (on les voit d’ailleurs de dos) et ils reviennent après vers nous tous souriants et nous rendent nos passeports en nous disant "Vous voyiez, tout c’est arrangé!"
Quelle hypocrisie! C’est le genre de situation qui m’énerve au plus haut point et en même temps, même si c’est une réalité dans beaucoup de pays, je suis triste d’avoir vu ce visage-là du pays. Dans le couloir même du bâtiment, il y a une affiche "Anti-corruption" avec un numéro que l’on peut appeler. Anaël propose à Arun de pourquoi ne pas les appeler et Arun en souriant nous répond que ce sont le même type de personne qui s’occupent de cela.
Enfin! Cette sensation d’injustice s’atténue en discutant avec Arun qui m’explique qu’effectivement c’est triste mais qu’au final ce n’est que de l’argent, que c’est leur manière de vivre, et que pour lui c’est plus important le spectacle, que cela a plus de valeur et d’impact à ses yeux que cette mésaventure et qu’il vaut mieux "let it go".
Même s’il est tard pour jouer, nous avons bien envie de tout de même jouer et en quelques minutes (et après avoir reçu l’autorisation du chef), nous improvisons une représentation dans le village autour de la guest house ou nous sommes, éclairés à la lumière des phares d’une voiture.
Le lendemain nous jouons dans deux communautés dont l’une a été très touchée par Ebola. Dans la première, nous devons d’abord nous présenter au conseil du village, une trentaine d’adultes, et expliquer pourquoi nous venons et de quoi parle le spectacle. Une belle mais courte rencontre que je fais dans cette communauté est un enfant de 3-4 ans au sourire ravageur qui a directement décidé de s’installer sur mes genoux et de me prendre dans ses bras. Un des adultes en profite directement pour me dire que l’enfant a perdu sa maman durant Ebola et que je me demande de lui donner de l’argent.
Après cette belle mais fatiguante journée, sur le chemin du retour vers Freetown, pour que cette expédition à Makeni termine sur les chapeaux de roues, le destin a fait que l’embrayage du taximan se casse sur la route et nous faisons une partie du trajet en marche arrière, route qui justement est pleine de tournant avec le fossé à côté. Une petite montée d’adrénaline à la fois drôle et inquiétante. En effet, concentré qu’il était sur sa marche arrière il ne voyait pas les voitures qui le dépassaient et à l’un ou l’autre moment, on a échappé à une collision. Mieux que les montagnes russes!

Le lendemain nous jouons dans un centre de femmes qui ont subit des abus sexuels. Petit public qui se montre au début sceptique mais au final nous passons un bon moment et restons pour jouer avec elles et chanter.

Après-midi de répétition et de préparation de workshop pour Unicef le lendemain.
La suite… tout bientôt!
Bises

Céline