Le « colectivo JAJAJA » est né d’une rencontre entre Paúl Gomez et des clowns de Mérida ( une bonne partie étant des clowns à l’hopital) lors de différentes sessions de workshops qu’il a donné lors de l’automne 2014.
Pour la première destination de cette mission longue de CMSF, j’ai donc commencé par donner un stage d’une semaine à Mérida pour les personnes du collectif. 5 jours de stage à raison de 3 heures par jour, une très belle expérience, d’autant plus que ce partage s’est aussi enrichi d’une soirée de présentation du documentaire « La Caravana de Las Risas » de 15 minutes de Marzel Avila qui retrace un bout de notre chemin en août dernier. Depuis Mérida et surtout dans la région frontalière, d’un côté dans le Alto Apure et de l’autre à Cúcuta.
Pour l’instant, il n’est pas (encore) sous-titré, alors si vous parlez espagnol, n’hésitez pas à me demander le lien.
Le samedi, nous allons jouer avec les clowns du collectif, en échange de la salle prêtée pour le workshop, pour une fête populaire dans le cadre de « las ferias del Sol » de Mérida.

La semaine suivante, nous avons rendez-vous le mardi soir avec Fernando, Sandra, Jénirée et Carlos chez Marco, ces 5 zamours de clowns du colectivo JAJAJA, vont faire leur première mission de clown humanitaire. Le lendemain à 4 heures, nous partons dare dare , les yeux en face des narines, vers le terminal … pour 6 heures de bus jusque San Cristobal. Nous y retrouvons Alberto et Pedro Luis de Doctor Yaso, pour la seconde fois, ils ont fait un super travail pour organiser ces 4 jours d’ateliers et spectacles à Ciudad Sucre, village à 8 km de la fontière avec la Colombie. Daniel et Anthony de Doctor Yaso San Cristobal nous rejoignent aussi et c’est parti pour 4h30 de bus direction Ciudad Sucre où nous arrivons de nuit après.

Au matin, nous nous levons avec les poules avec l’intention d’accueillir les enfants à leur arrivée à l’école à 7h45. Nous avons à peine les yeux en face des trous, mais la motivation est là et à peine notre échauffement terminé, les premiers enfants arrivent accueillis par 10 clows dans leur propre école. S’en suit une heure et demie de délires clownesques improvisés dans les couloirs et les classes. Un beau lâcher de clowns pour commencer notre séjour dans ce village. A 9h30, c’est le premier atelier !!!
En trois jours nous donnerons 15 ateliers pour des enfants de 6 ans à 17 ans (Jeux d’acteur, acrobatie, expression corporelle, éveil musical, apprentissage de nœuds, hygiène dentaire, prévention de la dengue) et un atelier pour les professeurs de l’école sur la gestion des émotions et du stress.

Le vendredi soir, nous proposons une soirée « cabaret » avec accueil du public et introduction des clowns de San Cristobal, mon solo « flor e sido » en création, et le spectacle des 5 clowns du colectico JAJAJA de Mérida qu’ils ont monté spécialement pour l’occasion.

Le dernier jour nous partageons la journée autour des moments plus informels avec les enfants les plus délaissés du village, acrobaties dans la pelouse, éclats de rires et jongleries avec de petits citrons. Aussi, chacun des clowns est invité à manger dans une famille.
La situation très particulière du village nous est contée plus précisément dans les familles. La contrebande va bon train, surtout autour du pétrole si bon marché de Venezuela qui transite vers la Colombie de nuit ; de l’autre côté de la frontière régne l’ELN (Ejercito de Libéracion Nacional), une des guérillas colombiennes les plus puissantes après les FARCs. Un jeune enfant passionné par la musique invite Carlos à sa maison et la maman raconte comment ils ont immigré de Colombie suite à l’assassinat du père de famille par les paramilitaires pour suspicion d’appartenir à la guérilla.
Aussi,le fait de rester plusieurs jours dans un lieu révèle plus clairement les problématiques, quand nous étions venus en août dernier avec Citlali et Paúl, ce fut la fête le temps d’une demi-journée. En restant, l’ambiance pesante, la situation de certains enfants (à moitié abandonné par leur famille) apparaît à nos yeux et nous mesurons encore plus la valeur de notre venue.

Le dimanche nous repartons vers San Cristobal, les clowns du colectivo JAJAJA continue leur chemin vers Mérida avec l’envie d’aller jouer pour les enfants des quartiers chauds et de revenir à la frontière pour une mission plus conséquente. Ce collectif est un peu comme un petit frère de cmsf qui peut agir directement sur le terrain sensible de la frontière venezuelo-colombienne.

Pour ma part, c’est reparti pour 3 jours d’ateliers : 3H l’après-midi pour des travailleurs communautaires culturels de la région du Tachira et 3H en soirée pour les Doctors Yaso de San Cristobal.