Hier vers midi, Virginie et moi avons pris pour la deuxième fois l’hélicoptère. Cette fois-ci en route pour Burauen où se situe la section espagnole de MSF. Petit trip mais suffisamment long que pour découvrir une fois de plus la toute grande beauté de la région. L’eau limpide des eaux nous laisse imaginer un paysage regorgeant de coins à couper le souffle. Et pourtant la réalité des lieux nous surprend dès que nous survolons les îles. Nous avons l’impression que la région est encore plus dévastée que Guiuan, pourtant première région à avoir été frappée de plein fouet par le typhon.

Ici, il ne reste rien, absolument rien, pas un seul arbre ne tient encore debout, et puis avec le soleil, la pluie, tout est en train de pourrir offrant ainsi un paysage qui donne l’impression d’avoir été dévasté par un gros incendie.

Nous survolons Tacloban avant d’atterrir. Rappelez-vous il s’agit de la ville ayant subi le plus de dégâts humains faute d’avoir mal géré le plan d’évacuation. On y voit les bidonvilles dévastés, des tonnes de déchets qui s’accumulent, une ville sale. Cela nous fait penser à Haïti ou l’Inde avec la destruction en plus.

Aussitôt arrivées, nous décidons de faire un repérage de terrain. Nous repérons une place en plein milieu d’un marché et une autre en face de l’église. On nous dit, « allez demander l’autorisation de jouer au curé ». Ok ! Nous entrons dans l’église mais le curé est en pleine messe. Mais à peine rentrées, un attroupement d’enfants se forme autour de nous. Pourtant nous n’étions pas en clown, à croire qu’on a la tête à ça… Nous décidons de partir mais sans avoir offert quelques jeux de bulles de savon sur le parvis de l’église. Et là, la moitié de l’église se vide pour jouer avec nous. Nous nous sommes vites arrêtées non sans avoir eu une pointe de jubilation. Oui on avoue J

Le lendemain, nous nous rendons sur place au marché et constatons que la place est prise. Aussitôt, Lily l’organisatrice suggère d’aller jouer sur l’autre place. Alors nous y allons en rameutant les gens sur notre passage, ils nous suivent transformant le déplacement en parade.

Une fois de plus, les gens sont avec nous, rigolent, participent, nous racontent plein d’histoires.

Nous jouons avec cette impression de grandir de plus en plus dans notre jeu, dans notre clown. Nous lâchons prise, nous nous faisons confiance, nous nous faisons des blagues. On prend notre pied. Ils sont avec nous, nous sommes avec eux et rien à ce moment, pas même un typhon ne pourrait briser ce lien qui nous lie en cet instant de rire.

Francoise