"Café café" entend on à travers les sapins alors qu’on fait nos repérages sur ce petit théâtre de verdure oublié et envahi par la flore printanière. On suit les voix, les odeurs, on passe les portes, pour pénétrer dans ces couloirs qui nous mènent sur les lits d’une famille nombreuse. Le père palestinien de 7 enfants qui ont grandi dans l’exil vers la Syrie puis la Bulgarie et jusque …

Très vite, un ado Somalien qui nous a suivi depuis notre entrée et deux jumeaux syriens blonds aux yeux bleus d’une vingtaine d’années nous rejoignent pour le café. Alors que sous une couverture sur le troisième lit, le pré adolescent de la famille se réveille en gloussant, poussant des cris et se dissimulant sous sa couette. Il est presque midi, on commençait à s’en douter, il y a vraiment un mystère sur le sommeil des enfants syriens en Bulgarie (A suivre).

Les femmes arrivent, rigolent doucement, s’intriguent de notre venue, nous remercient… Elles vont chercher le café au lait, il est bon et bien sucré! contrairement aux affreux cafés bulgares que nous peinons à engloutir dès le réveil. Puis commencent leurs histoires, leurs arrivées à travers la frontière, les récits de leurs attentes, entrecoupées d’espoirs: voyages de Charybde en Scylla vers une Belgique inaccessible ou l’Allemagne, mirage doré, "attrape-rêves", et la Suède, si loin, pour laquelle beaucoup sont prêt à donner tout ce qui leur reste à des passeurs sans âmes.

On est bien, on commence à maquiller quelques convives, mêmes les jeunes adultes se prennent au jeu. Ah mais.. il faudrait penser à jouer peut être… ?

S’en suit un joli spectacle interrompu par la pluie dans le "moment clé" où Lili se retrouve seul sur scène après la crise de Désiré. Tous les enfants s’abritent sous le grand parapluie . Heureusement tout le monde nous suit sous la pluie vers un chouette intérieur gradiné. Nous reprenons le spectacle là où nous l’avions laissé, les rires recommencent… Nous nous replions pour les laisser chanter. Et repartons nous changer. Une petite foule nous attend pour se faire maquiller encore. On ne veut pas partir, on va revenir.

Un Afghan nous suit, nous demande de venir voir ses enfants malades qui n’ont pu assister au spectacle. Il a passé neuf mois en prison, a essayé de traverser la frontière Turquie-Grèce, a failli perdre sa famille, leur bateau s’étant renversé, et est finalement parvenu en Bulgarie par la Mer Noire. Le regard plein d’espoir qui se mêle à une révolte profonde, il nous raccompagne à la sortie, nous explique qu’il a filmé son exode, qu’il aimerait en faire un film pour que les autres comprennent ce qu’il a vécu. Kristiyana le met en contact avec quelqu’un d’Amnesty, il nous remercie encore. Nous repartons vers Sofia, le cœur plein. On reviendra vous voir, promis.

Erwanovirgincka