Depuis notre retour à Antananarivo, nous avons joué dans des endroits très très différents.

Chaque jour, une situation différente, pas beaucoup de km à parcourir mais beaucoup de temps passé dans les embouteillages,environ la moitié de nos journées à Antananarivo. Arrivés sur le lieu du spectacle,

il faut monter et démonter notre super décor, très simple mais qui fait toujours un bel effet !

Après le spectacle, on reste sur place si on a le temps et on découvre comment chaque association travaille. Ensuite, le soir, retour à la maison !

Ce rythme est assez fatiguant, surtout avec la pollution de la ville, la chaleur, et les émotions qui ressortent. On se retrouve quand même chaque jour dans des situations très différentes et fortes : des adolescentes dans des centres de rééducation, des femmes dans la prison, des sourds, des enfants de rue, des enfants avec des problèmes osseux, des enfants très très jeunes ( 3-5 ans ) d’un quartier très populaire.

J’ai l’impression que chaque jour, vu la différence du public et des situations, on change le spectacle, on met en évidence des parties, on en coupe d’autres. Pour moi, la plus grande satisfaction, est de toujours arriver à se connecter au public, à lui transmettre quelque chose, même avant ou après le spectacle, et ça, je le trouve vraiment satisfaisant. On fait notre travail ici, on apporte un sourire, on donne une petite graine de bonheur dans ce pays, si pauvre, si pacifique et résigné à sa situation mais en même temps curieux et avec une énorme envie de rire et s’amuser.

Parfois, je me retrouve à la fin d’un spectacle sans énergie, je sens que je dois en garder pour moi parce que sinon je risque de me faire bouffer par toutes ces situations. Mais, parfois, je sens que ça me fait tellement de bien de donner du bonheur à ces gens que je ne peux pas arrêter et même après le spectacle, même dans la rue, après, je NE PEUX PAS ARRETER. Comme l’autre jour, lorsque nous sommes passé au bureau de Handicap International pour faire une petite parade pour les employeurs et puis on s’est retrouvé dans la rue et j ai commencé à jouer avec des vendeuses de légumes, puis avec des enfants des rues et puis…. J’avais un bon public devant moi et je me suis amusé à leur faire un petit spectacle improvisé dans la rue. Et encore plus drôle deux jours après, lorsque nous sommes retournés dans les bureaux de HI et que les gens se souvenaient de nous, ils faisaient des blagues et rigolaient.

Chaque jour et chaque spectacle sont différents. Je me sens très chanceux de pouvoir faire cette expérience et j’apprends énormément. Je suis en contact avec une nouvelle culture et je connais également des situations très différentes qui me surprennent, m’encouragent à m’adapter pour que je puisse donner de mon mieux. Quand je suis pas trop las, ce n’est pas grave, le spectacle commence a marcher tout seul et le trio a un bon équilibre. On est bien veillant l’un avec l’autre et on arrive très bien à alterner dans nos moments de mou, cela nous permet de maintenir notre enthousiasme !

La tournée se termine avec deux super stages dans l’école de cirque Alea des possibles. L’un avec Fanarenana pour des formateurs de différentes assotiations qu’on a rencontré ces derniers jours et deux spectacles ! On termine avec beaucoup de joie mais aussi avec de la tristesse en raison de l’ immense pauvreté qui afflige ce pays…

J’espère que le travail que nous avons fait ici donnera ses fruits (peut être que dans quelque mois, la ville entière de Mahajanga se retrouvera avec plein d’enfants qui font du hoola hup), que nos enseignements seront de bons outils pour les formateurs et un bon souvenir pour nous les Vazhaa, qui font les imbéciles, pour les enfants, prisonniers, personnes handicapées qu’on a croisé sur notre chemin.

Alessandro