Mission Grèce

IDOMENI – 22 mars 2016

Lorsque nous arrivons, Mei Lian de « Save The Children » nous prévient que toutes les ONGs quittent le camp parce que la situation devient trop tendue. Pas de quoi effrayer un clown ! Nous commençons à bien connaître le camp, nous avons des passages secrets qui évitent de croiser le foyer des évènements. Arrivés à la zone B, nous sommes surpris pas l’arrivée récente de nouveaux volontaires, totalement indépendants, qui ont monté là des tentes berbères pour faire des activités pour les enfants. Ici l’ambiance ne paraît pas si tendue, et nous proposons de faire un spectacle dans le secteur.

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Pendant que Gambito sillonne la zone pour trouver des arceaux de tente cassés et des couvertures abandonnées pour délimiter notre cercle, Flamboia cherche des volontaires, jeunes ou adultes, réfugiés ou bénévoles, pour nous aider à traduire et gérer les enfants pendant la représentation. Parmi eux, on retrouve Haris, notre petit compagnon du premier jour ! Le garçon au sifflet ! Il retrouve immédiatement son poste de régisseur/percussionniste/accessoiriste/garde du corps, et le cercle des petits curieux commence à grandir. Nous en profitons pour apprendre quelques nouveaux mots en arabe, qui nous serons très utiles !

Comme nous savons qu’abandonner notre espace de jeu, ne serait que quelques minutes pour se changer, réduirait à néant tous nos efforts de délimiter un cercle, nous décidons de nous habiller, maquiller, échauffer… sur place, face à eux. Et la magie opère : les enfants voient les adultes se transformer petit à petit en clowns, et le spectacle peut commencer !

Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu, et c’est tant mieux : nous avons de beaux moments d’improvisation, entre Flamboia et Gambito, mais aussi et surtout avec les enfants, qui viennent participer ou envahissent l’espace… les adultes et les adolescents nous rejoignent, et, même si nous avons de moins en moins de place et finissons le spectacle coincés comme des sardines, c’est une belle réussite !

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Les images raconteront le spectacle mieux que les mots…

Sur le retour, nous faisons de nouvelles rencontres, Ahmed, un Syrien qui nous raconte que deux personnes se sont immolées par le feu aujourd’hui pendant les manifestations (parfois c’est bien que les clowns ne soient pas au courant de tout au moment du spectacle), et nous conte son voyage, la perte de sa femme sur le chemin, nous montre les photos qu’il a prises avec Flamboia et ses deux enfants.

A côté de lui, Mohammed nous interpelle : « Racontez ce que vous voyez ici, si tout le monde en parle peut-être que quelque chose se passera ! C’est inhumain de vivre ici ! Tu veux dormir ici, juste une nuit ? Tu n’y arrivera pas ! »

Chaque jour, de nouveaux réfugiés arrivent ici, chaque jour la situation empire, mais même si ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, nous sommes heureux de pouvoir jeter nos gouttes de légèreté et améliorer à notre manière le quotidien de chacun.