Des champs de blé tout juste verts, des collines et montagnes , des guirlandes de fanions aux couleurs des partis, les élections arrivent, gare à l’attentat.
Des 4×4 en veux-tu en voilà, des moutons bien touffus, des chèvres géantes à longues oreilles, des odeurs de pétrole, parfois au loin une flamme au bout d’un puits.
Et puis des tentes, bien alignées, et des préfabriqués, dedans des syriens, là depuis 3, 6, 9 mois jusqu’à 2 ans. Ils ont fui et sont venus chez leurs cousins kurdes (il y 25 ans, c’est ces deniers qui s’exilaient, le plus souvent en Iran).

Des jeunes qui ont fui Damas ou Alep, laissant leurs études universitaires là-bas. Ici, ils travaillent pour les ONG, comme traducteur, travailleur communautaire.
Les plus âgés, médecins ou ingénieurs, se sont enfuis, pour beaucoup, pour ne pas devoir aller se battre, que ce soit pour les forces syriennes ou l’armée de libération, réfugiés-déserteurs…
La majorité du staff des ONG est formé par les habitants des camps, puis il y a les locaux (kurdes irakiens) et enfin les expatriés.

Les barrières et barbelés qui limitent les camps sont troués et les enfants vont jouer dans les fleurs avant la saison sèche. Les adultes cherchent du travail. Quand ils n’en trouvent pas , ils repartent parfois en Syrie si leur région n’est pas trop dangereuse.

Au niveau matériel, la pauvreté est présente, mais les conditions, notamment d’hygiène, n’ont rien à voir avec les camps en Afrique. Il y a de l’eau potable pour tous et les déchets et l’assainissement sont relativement bien pris en charge.
Dans les têtes, le doute, l’attente, la sensation que le retour au pays n’est pas envisageable avant des années.

L’amour de sa terre, des siens, de cet environnement qui était leur vie, tout cela résonne à travers la déchirure des « désenracinés ».
La vie continue, oui … et ici c’est avec les règles imposées par le Kurdistan irakien, l’UNHCR et les ONG et avec le statut de réfugié syrien.

Basma, travailleuse communautaire chez Unicef au camp de Gawilaan, a dévoré notre spectacle de ses yeux pétillants, elle me demande si nous pouvons rester plus longtemps. Basma signifie Sourire.
Moi aussi, j’aimerais approfondir notre travail, ajouter la transmission, partager nos savoir-faire au delà du spectaculaire éphémère. Donner des outils par l’expression à ces enfants désorientés qui reproduisent souvent une petite violence née de la résignation des adultes à vivre dans le confinement de ces camps.

Merci à tous les clowns sans frontières, à toutes les belles personnes comme Alessandro d’Intersos, Valentine de PU-AMI, et bien d’autres, qui travaillent d’arrache-pied pour améliorer le quotidien des kurdes syriens exilés chez leurs cousins.

Erwan pour le trio Irak