Mission Grèce

Clowneries chez les militaires, épisode 2

Cherso – 27 mars 2016

Le dimanche de Pâques à Cherso, rebelote : on nous interpelle pour savoir des nouvelles de la frontière. C’est le soir qu’on obtient l’information : quelqu’un a diffusé la rumeur que l’UNHCR, la Croix Rouge et les journalistes allaient réussir à forcer l’ouverture de la frontière à Idomeni, et des centaines des familles ont fait leurs bagages, prêtes à passer la frontière. Des tensions on commencé entre la police et les réfugiés, ainsi qu’entre les réfugiés, les Afghans et Irakiens voulant se battre contre la police, et les Syriens et Marocains faisant des chaînes humaines pour empêcher les conflits, cherchant une issue pacifique. Pourquoi lancer une telle rumeur ? Quel intérêt à jeter de l’huile sur le feu, à inciter ainsi à la violence une population déjà tant oppressée ?

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Et les rumeurs, avec facebook, circulent rapidement de camp en camp. Des réfugiés d’autres camps retournent vers Idomeni avec un espoir perdu d’avance…

Aujourd’hui à Cherso, « Save the Children » inaugure une grande tente qui servira de centre d’activité pour les petits, et d’accueil pour les maman et leurs bébés. Lors de notre arrivée, les bénévoles de cette ONG nettoyaient le camp et faisaient une distribution. Ici, on sent un esprit plus communautaire, une sorte de village de 4000 âmes, même si on a toujours cette sensation d’indignité des conditions de vie. Un vieil homme nous confie que même des animaux ne vivraient pas dans ces conditions, et qu’il préférerait rentrer en Syrie que rester ici.

« Bachar-El-Assad and his bombs ? They are better than this life here ».

Le spectacle est un grand succès, une belle inauguration pour cette tente qui va un peu changer la routine de ces enfants. A la fin, des photos et selfies à n’en plus finir, une jeune fille qui nous chante une chanson, d’autres jeux et blagues, mais rapidement l’armée nous force à quitter le camp, par peur d’une émeute, tant notre présence crée l’agitation.

Un petit passage par Diavata au retour, pour faire nos adieux à nos amis rencontrés là, Diala la professeur d’anglais Syrienne, Mohammed, et la petite kurde Selin. On croise les regards des enfants qui s’éclairent à notre vue, on y rencontre aussi nos partenaires de la Croix Rouge, dépités quand il ont trouvé à leur arrivée des jouets brisés, et la tente qui leur sert de playground pour enfants remplis d’excréments piétinés.

Départ difficile de Diavata : Selin et son petit frère, chaussés d’un nez rouge en mousse que nous leur avons offert, deviennent des petits diables qui ne veulent nous quitter, on doit leur courir après sur la route pour les ramener à leur tente. Les adultes préparent un feu pour passer la soirée dehors, mais la grêle en décidera autrement.