Un bui bui sur le marche birman de Mae Sot. Fin d apres m. Chaleur. Ronron d un ventilo. La faune des
Birmans migrants en Thailande : Karens, Karennis, Shan, Musulmans….Des jeunes mecs des tatoos plein les bras.
Comme des guerriers desoeuvres. Guerriers qui jamais ne rentreront au pays, victorieux, armes et tatoos brandis…
De fines filles d Asie. Graciles. 16 ans peut etre ? Des mouflets plein les bras. Graciles pour l etrenite malgre les maternites.
Pour recuperer les bambins qui s egarent sur la rue elles marchent comme si elles defilaient pour Yves St Laurent.
Bon, pas toutes tout de meme…

Sous la taule ondulee du toit, a cote de l autel au Buddha ( un Buddha birman jeune et androgyne, Mick Jagger a 20 ans, meditant)
l autre idole : La TV. Elle debite des chansons birmanes sirupeuses. Complaintes d amours perdus. Images guimauves : fille et mec
s approchant, se sussurant, se repoussant, pleurant… Il y a une chanson de Laurent Voulzy tout a fait de la meme veine.
Les faux guerriers, leurs dragons, les filles-princesses, tout le monde savoure. Ils reprennent des refrains en choeur.

Sur le mur en carton au fond du bistrot des affiches d Aung San Suu Kyi au sourire triomphant.

Un type rentre. Son coq de combat sous le bras. Il s adssied. Boit le the. Tel une vieille anglaise et son caniche. Et il s en va. Toujours son coq sous le bras.

Assis a une petite table, nappe plastique Coca Cola delavee, un mec. Y fait tache. Trop pale, trop vieux, les yeux trop bleus.
Couvert de cette poussiere rouge d Asie. Qu il a choppee la bas, au camp de refugiers de Mae La, a 60 km.
Mae La. Des Karens. 50 000. Officielement. Surement plus. Dans leurs huttes. Depuis les annees 80.
Lui le mec assis, on ne sait s il est triste ou joyeux. Il sirote un cafe au lait concentre sucre. Il attend son pote. Un clown.
Qui l a suivi a Mae La.
Ce clown, devant des centaines de gens, au camp, il a donne son ame et son nez.
Son pote c est un p’tit mec. Un Latinos.
C est un grand clown.