Bangkok 29/01/09
 
Matin….Adieu brisette du nord qui nous apporta de fraiches nouvelles de l’Himalaya ou medite hiva et ou s’agitent les Chinois a flinguer les Tibetains. Du coup ca nous fait quasi 10 degres de plus qu’hier sous un ciel si lourd que, n’en deplaise a Brel, je ne puis lui pardonner.
Malgres ces conditions extremes la vie demeure belle, rassurez vous.
 
Chinatown. Le long de l’avenue Charoen Krung (1 millon de voitures a la miute) le marcher dit  »aux voleurs »
C’est la qu’on trouve les dernieres vraies-fausses Rollex a Bangkok. Presque des antiquites.
Sur le trottoir une mendiante amputee des 2 jambes, a peine 20 ans ce semble, les yeux en amandes jusqu’a l’horizon.
Chioise d’Asie du sud-est. Plus enigmatiqe que la Joconde. Elle eut pu etre top modele a Paris-Londres-New York…
Elle est mendiante estropiee a Bangkok. Destins.
Je mets la main a la poche pour en extraire quelque monnaie et trebuche sur une racine vautree langoureusement a mes pieds.
Ma mendiante pouffe de rire.
Or ici l’impassibilite est de mise.
Elle se reprend comme elle peut, met la main devant la bouche mais pour autant continue de rire du  » rire enorme de la mer » dont parle Baudelaire.
Pas rancunier je file ma monnaie a cette beaute amputee, cette fee esclafee.
Instantane d’Asie : le valide se vautrant pour le plus grand bonheur de l’infirme.
Clown et Magicien sans Frontiere, nous voila.
 
Quittant le quartier Sikh, ses ruelles fetides, ces canaux putrides ombres d’enormes arbres y plongeant leurs racines,
ses varants prehistoriques allanguis au soleil tropical, plus beau que Venise et Brugges reunies, tu ‘enfiles un lacis de ruelles inextricables direction Chinatown.
Au detour de l’une d’elles un wat, un temple buddhiste du Petit Vehicule, le buddhisme majoritaire ici.
Il semble quelque peu desafecte. Une poignee de moines y demeurent. Ils ont cree tout un decor de rochers en ciment truffes de grottes ou siegent des personnages sacres de la legende du Buddha. Sur un mur l’ombre noire du Buddha debout…
Puis un bassin ou fretillent les etrenels poissons chats. C’est une coutume buddhiste : nourrir les poissons chats.
Surtout en Asie du sud-est, au Tibet le poisson chat est plus rare…
Je ne sais d’ou emerge ce rite. Les poissons-chats eux le savent : des que quelqu’u s’approche du bassin ils se ruent a la surface leurs levres charnues faisant des bruits de succion du meilleur effet, happant tout ce qui est happable.
Or ceux-ci sont etrangement inertes….
A cote du bassin dans une cage de verre un crocodile empaille de bien 3 metres, la gueule grande ouverte.
Face a cette gueule terrifiante, des offrandes : bougies, encens, une bouteille de coca, des oranges, des gateaux,
tout ce qu’il faut pour rendre un croco heureux.
Offrandes pour apaiser la fureur du demon des eaux ?
Un dernier coup d’oeil aux poissons-chats avant de quitter les lieux…Et la, je le vis.
Tapis dans un coin du bassin. L’avais pris pour une vieille dalle de ciment croupissant la. Un croco. Enorme. Immobile.
Infusant. Conciderant les poissons chats de son sourire de saurien. Le meme sourire que Mona Lisa, les dents en plus.
J’eus un soudain elan de compassion pour les petits poissons..
 
 
Le pont du Memorial (lequel?Je l’ignore.) a l’oree du marche aux fleurs. C’est un des arrets des bateaux-navettes qui descendent et remontent le fleuve. Un monde fou attend le bateau. 400 Thais, 200 Chinois, 100 Sikhs et moi et moi et moi.
Perches sur l’armature metallique du pont une dizaine d’enfants-ados des rues. Juste vetus d’un short crado.
Beaux comme des enfants-dieux entre le ciel et l’eau. Des anges dechus. Des enfants perdus. Ils ont a la main un sachet de plastique contenant le precieux solvent a l’aide duquel ils se petent la tronche et se trouent les poumons.
A tour de role ils se le collent sur le nez, inspirent tout ce qu’ils peuvent et se laissent degringoler dans l’eau. A moitie inertes.
La chute dure 1/4 de seconde. Elle semble se faire au ralenti. Durant tout ce temps les autres, accroches la haut poussent un cri de guerre. C’est une sorte de roulette russe, un jeu avec la mort avec dans les poumons une bouffee de nirvana pour enfants de rues.
La foule attendant le bateau est impassible. Je suis parmi cette foule. Je n’ai ni tour de magie ni clownerie a proposer. Suis demuni. Je les regarde. Intensement. Ils finissent par s’en apercevoir. Me font de grands signes et me decrochent des sourires carnassiers aux dents etincellantes.
 
Et une bonne nouvelle pour clore la journee : la petite brise fraiche est de retour, le ciel est limpide…
Je savais que ca vous ferait plaisir.


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