Des routes cabossées, la Bagmati polluée, les rites sur ses bords, la fumée, déchets, puis la fraîcheur, les rizières à perte de vue, nous montons vers Nuwakot, au delà de Kathmandu. Derrière nous, l’Himalaya qui s’étend grandiose… Et nous grimpons jusqu’à l’école où nous attendent deux cents enfants. Un beau spectacle pour des enfants aidés par Emma, Australienne, installée au Népal depuis plusieurs années et dont l’enthousiasme et la spontanéité nous touche.

Et puis Jean-Christophe, qui ressemble à Chaplin, avec son humour belge bien à lui, qui nous ouvre à nouveau les portes de CPCS, pour trois journées intenses de spectacles et de workshops. Tous ces jeunes, anciens enfants des rues réhabilités , ou à peine tirés de l’enfer des rues, des années d’errance et de maltraitance, de la prostitution,… Ils sont sales ces enfants, ils jouent avec rien, des vieux pneus et sautent dans nos bras. Dans la nuit, on s’éclipse… ils nous arrêtent: « Do you come tomorrow? mais non pas demain, ni après demain, dans plusieurs mois peut être…on va essayer.

Et notre dernier spectacle à l’Hôpital des enfants, où nous jouons dans le service des grands brûlés. Seuls viennent ceux qui peuvent sortir de leurs lits, ne sachant presque pas marcher… des bandages, leurs blessures, et leurs sourires. C’est étrange et beau. Leurs mères qui chantent et qui dansent, quelques docteurs en veste bleue, des visages derrière les vitres et Laetitia, qui nous a amené là, notre amie qui donne tant de son temps pour s’occuper d’eux.
La brûlure est une vengeance au Népal, mis à part les accidents, ce sont les maris ou la belle famille qui brûlent les femmes et les enfants. Et les femmes se taisent, par peur des représailles et retournent parfois dans la famille qui les a brûlée. Et ils rient ces enfants, à grands éclats, dans cette pièce blanche.

Au revoir à vous, tous ces enfants des rues, des Hôpitaux, du Teraï, et de Kathmandu… nous repartons chacun de notre côté, fatigués par tout ce que cette mission a exigé, aux défis qu’on s’est lancé, avec dans le coeur, le rire de Sangar, notre partenaire jovial de PLAN, le rire des employés du CPCS qui ont vu et revu notre spectacle, les villageois de Parphing où nous avons joué sur la place du village, les rires de tous ces « crapulekje de la strootje » comme le dit Françoise, qui ne cessent de nous surprendre. A leurs rires et leurs rêves, leurs étonnements d’enfants, qui vont grandir et se forger, et peut être devenir meilleur, se laver de leurs peines, de leur manque, de leur passé, pour déplacer les montagnes.

Virginie